Développement: les dirigeants africains veulent des investissements, pas la charité
YOKOHAMA (AFP) — Les dirigeants africains ont déclaré jeudi qu'ils avaient besoin d'investissements et pas de charité, au deuxième jour d'un sommet sur le développement en Afrique où le Japon a promis de doubler son commerce avec le continent."Le risque de marginalisation de l'Afrique a presque disparu", a souligné le Premier ministre éthiopien Meles Zenawi, devant les représentants de 52 pays africains qui participent depuis mercredi à la conférence internationale de Tokyo sur le développement de l'Afrique (Ticad), à Yokohama, près de Tokyo.
Des chefs d'Etat africains et participants à la conférence sur le développement en Afrique, le 28 mai 2008 à Yokohama |
"Notre coopération avec l'Asie ne vise pas en priorité à demander de l'aide, à faire du commerce ou à obtenir des investissements à court terme", a expliqué M. Zenawi.
Il a affirmé que l'Afrique cherchait "un partenariat avec l'Asie pour promouvoir une prospérité commune à long terme, avec progrès technologique et industrialisation pour notre continent".
Le président rwandais Paul Kagame a souligné pour sa part que les pays très endettés comme le sien étaient pris dans "un cercle vicieux", car ils ne pouvaient obtenir de prêts pour investir.
"Pour stimuler le commerce, l'investissement et l'intégration régionale, réduire la dépendance vis-à-vis de l'aide en exportant davantage, nous devons investir dans les infrastructures, l'énergie, le capital humain", a-t-il énuméré.
M. Kagame a rappelé que le commerce inter-africain ne représentait que 2% du commerce mondial, faisant du continent un marché à conquérir.
"Il est très clair que l'Afrique va fournir les meilleurs retours sur investissement", a-t-il ajouté.
Le commissaire européen au Développement, Louis Michel, a admis dans une interview que "la politique caritative n'avait pas réussi".
Il faut désormais "avoir une attitude économique" avec les Africains en les aidant "à tirer profit au maximum pour leur développement des avantages d'une mondialisation domestiquée", a-t-il conseillé.
Le Premier ministre japonais Yasuo Fukuda a annoncé mercredi la création d'un fonds de soutien pour les entreprises japonaises voulant investir en Afrique, à hauteur de 1,6 milliard d'euros sur cinq ans.
Le gouvernement s'inquiète de la forte présence des entreprises chinoises sur le continent, qui assure à Pékin un approvisionnement en matières premières dont le Japon a lui aussi besoin.
Le ministre du Commerce Akira Amari espère que les investissements des entreprises japonaises vont doubler d'ici cinq ans.
Il a expliqué que les investissements devraient concerner surtout des "infrastructures lourdes", comme la fabrication de routes, de ports, de voies de chemin de fer, mais aussi des projets destinés à améliorer la sécurité des populations.
Dans son discours d'ouverture, M. Fukuda a aussi annoncé un doublement de l'aide publique au développement (APD) du Japon à l'Afrique et un soutien au continent pour qu'il multiplie par deux sa production de riz d'ici dix ans.
La directrice de l'Agence japonaise pour la coopération internationale (Jica), Sadako Ogata, a estimé que l'Afrique avait besoin de l'aide et des investissements.
"Le Japon pourrait bénéficier du développement de l'Afrique, c'est un investissement à long terme", a-t-elle dit.
A peine 1,5% de l'ensemble des investissements privés japonais en 2007 sont allés vers l'Afrique.
http://afp.google.com/article/ALeqM5jaCQQcdOHVE8qmmsiQ0k9vKAMZdg
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